La France entière a répondu à l'appel du «Matin» et de la presse parisienne pour offrir des aéroplanes à l'armée. C'est là une grande idée patriotique que cette contribution volontaire du public. Certes, par la ressource de l'impôt, il eut été facile – trop aisé, hélas!- de créer une flotte aérienne. Mais il importe, avant tout, de montrer que c'est le pays lui-même qui entend être fort et réclame sa sécurité; que c'est point par nécessité seulement qu'il entretient son armée mais qu'il peut s'enthousiasmer pour elle.
De grandes démonstrations sont projetées; des meetings auront lieu partout en France. C'est une véritable résurrection du sentiment national qui se trouve entreprise en même temps qu'il s'agit de donner à la France une quatrième arme victorieuse.
De tous côtés, on organise des souscriptions. La ville de Saint-Quentin ne peut pas, dans ce mouvement patriotique se laisser distancer. Elle ne le saurait pas.
Il faut dans les airs un avion militaire offert par elle, qui viendra de temps en temps saluer la Basilique et notre beffroi.
La «Ville de Saint-Quentin», tel serait le nom flatteur de cet engin qui nous protègerait et porterait dans ses ailes nos espoirs patriotiques. Ce serait la preuve vivante que c'est toujours un cœur français qui bat dans nos poitrines malgré les apparences trompeuses de la politique.
Déjà des souscriptions particulières s'organisent mais comme il s'agit, répétons-le, d'une œuvre patriotique, elle appartient à tous. Ne vaudrait-il pas mieux que la presse locale, -puisque c'est aux journaux qu'il appartient aujourd'hui ces sortes d'initiatives- unissent la ville entière et créé un vaste comité composé des Présidents de toutes les Sociétés, des directeurs des journaux et des personnalités civiles et militaires dont le concours serait utile pour faire aboutir cette grande œuvre.
Et certes, on réussirait avec ce comité qui ferait l'union et disposerait de toutes les bonnes volontés et d'une publicité complète. Il suffirait qu'une des gloires de l'aviation militaire, le capitaine Bellenger ou le lieutenant Beaumont vienne nous rappeler la grandeur de l'œuvre. Les bourses s'ouvriraient généreusement, les plus petites souscriptions afflueraient. Tout le monde aurait l'honneur d'apporter sa quote-part à la «Ville de Saint-Quentin». Chacun voudrait que l'avion lui appartienne un peu.
Tout réussit à Saint-Quentin. Les ressources abondent en notre ville et pour réussir il suffit de vouloir le succès.
Après la souscription, le comité pourrait organiser un meeting. On annonce que les aviateurs se feront un devoir de prêter leur concours. La ville de Saint-Quentin, cet été reverrait volontiers de nouveaux jours de fête.
Et la réputation de notre ville, qui souvent laisse à désirer- ne pourra qu'y gagner. Saint-Quentin, malgré tout, avant tout, est une ville patriotique. Elle l'a prouvé jadis par son histoire; hier par la réception magnifique de l'Union des Sociétés de gymnastique de France; et elle le prouvera demain en imposant son nom dans l'escadre aérienne.
C'est pourquoi, cet appel pour former un comité nous l'adressons à nos confrères de la presse et à toutes les sociétés locales. Nous espérons être entendus. Ce n'est point une idée en l'air, un simple ballon d'essai; la dirigibilité est aujourd'hui une chose acquise.
Journal de Saint-Quentin- 28 février 1912
B.M. Fonds local
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