Histoire des droits anciens et des prérogatives et franchises de la Ville de Saint-Quentin
rue Hordret à Saint-Quentin, quartier de Remicourt
Louis Hordret, Avocat au Conseil du Roi
Auteur de l'Histoire de Saint-Quentin
La seconde histoire de Saint Quentin, "Histoire des droits anciens et des prérogatives de Saint Quentin" a été écrite en 1781 par Me Louis Hordret, sieur de Flechin, Avocat au Parlement et Honoraire aux Conseils du Roi. Dans les Almanachs royaux, cette charge d'avocat au conseil du roi vient juste après celle des conseillers secrétaires du roi, charge éminente et très convoitée.
Louis Hordret figure donc comme un personnage de premier plan pour son époque.
Il était l'époux d'Anne Marie Honorée de Marbury, avocat au parlement et honoraire, décédé à Andrésy le 20 décembre 1789 âgé de 73 ans.
Sur l'acte de décès de notre Louis Hordret: y figurent comme témoins, outre des notables tel que Jean Marie Gaultier, chevalier (c'est le gendre de Jean-Philippe Rameau, le musicien célèbre), Louis Ignace de Villot de Granpré, ancien gendarme du Roi et Germain Lecointre, ancien marguillier et syndic municipal, mais en premier sur la liste des témoins Antoine Rémy Hordret, neveu, avocat au Parlement et Georges Joseph Vielle, neveu, et aussi avocat au Parlement.
Andrésy était un lieu de résidence pour un certain nombre de riches parisiens : situé au confluent de l'Oise et de la Seine ce village de vignerons était très apprécié au XVIII° siècle.
Louis Hordret, dans son Histoire de Saint-Quentin, va plusieurs fois parler de sa famille et aussi de lui. Il va donner une place importante à ses deux oncles Nicolas et François Desjardins, "chanoines de l'église royale et principaux du collège de Saint-Quentin", le premier né en 1682 et décédé en 1738 et le second né en 1697 et décédé en 1773, ils avaient vu le jour à deux lieues de la ville de Saint Quentin sur les bords de la Somme dont leur famille était originaire.
Il cite le père de ses deux oncles : " défunt Me Desjardins, avocat à Saint Quentin, mort il y a au moins 40 ans, offrait à Nicolas et François Desjardins de leur fournir la preuve que leurs ancêtres étaient établis dans cette ville avant le sac de 1557, et la désertion de tous ses habitants, dont plusieurs n'y sont jamais revenus. Ils lui ont su un gré infini de son honnêteté, et ont continué à honorer par leurs travaux le village d'Arthem où ils sont nés, dans l'ancien domaine de leur père et mère, ainsi que Marie Anne Desjardins notre respectable mère ".
Nicolas Desjardins, le plus brillant, aura droit à plusieurs pages, donnant un certain nombre des ses harangues à de grands notables, en particulier à l'évêque de Beauvais.
Le second sera un besogneux et l'un comme l'autre seront des éducateurs attentifs au succès de leurs élèves. Il y a dans ces éloges comme un sentiment de reconnaissance : c'est par ses études sérieuses que Louis Hordret est arrivé à ce poste éminent d'avocat au Conseil du roi.
Son père semble être décédé assez jeune: Louis Hordret parait dans un acte de baptême sur Artemps en mai 1707, avec une belle signature.
Puis c'est un acte sur la paroisse Sainte Pécinne, à Saint Quentin, du 7 janvier 1738 où Jean Dominique Delatte épouse Marie Anne Elisabeth Hordret, fille de Louis Hordret, laboureur, décédé, et de Marie Anne Desjardins. Figurent comme témoins du côté de l'épouse "Nicolas Desjardins, prêtre chanoine de l'église royale de Saint Quentin et principal du collège de cette ville, oncle maternel et Sébastien Rousset, musicien de la ditte église, son ami".
La grande œuvre de Louis Hordret a été de défendre les privilèges et les prérogatives de la ville de Saint-Quentin. Ses recherches lui permirent de retrouver des actes datant de temps immémoriaux: ses découvertes sauvèrent la ville d'une déroute financière due à des prétentions exorbitantes d'un agent de l'Etat.
Ayant amassé une documentation importante, il avait sous la main les actes authentiques des chartres et privilèges de la ville et c'est ainsi que retiré des affaires à Andrésy il put rédiger dans le calme d'une belle retraite son histoire de Saint Quentin.
Laissons le s'exprimer:
«Andresy, situé sur les bords de la Seine, près des villes de Pontoise, Poissy & Saint Germain-en-Laye, & connu de tout temps pour ses vins délicats, présente, au midi, de superbes côteaux couverts de vignes, que Henri IV appeloit sa petite Bourgogne, & qui sont abrités des vents du nord, & des pluies du couchant, par la montagne de l'Auty, altaloca. César a eu longtemps son camp sur cette montagne, dont la cime offre une vaste plaine; & il tenait sa flotte dans le magnifique bassin formé par la jonction de l'Oise avec la Seine, entre Conflans & Andresy, afin de tirer des vivres, soit de la Picardie, par l'Oise; soit de l'Isle de France, en remontant la Seine; soit de la Normandie, en la descendant. C'est dans ce village, lieu tranquille de mon séjour ordinaire, durant la belle saison, que j'ai conçu le projet & formé le plan de ce petit Ouvrage, consacré à l'honneur de ma patrie. C'est dans ce lieu délicieux, que tantôt auprès d'une Epouse chère à mon cœur, je m'écrie avec Salomon, Prov. Chap VII, V. 18.
Le Ciel mit dans mes bras l'Epouse la plus pure.
Elle tient ses attraits des mains de la Nature.
Son cœur est sans détour, son esprit est sans fard;
Elle a le don de plaire, elle en méprise l'art :
Chaque jour la retrouve & plus tendre & plus belle,
Telle est dans ses transports la simple tourterelle. .M.L.F.D.P.
Tantôt au milieu d'un petit nombre de voisins & amis, faits pour le charme de la société, je répète, avec un ancien Poète, qu'il n'y a de doux entretiens que ceux que l'on peut avoir avec un bon ami, qu'il est préférable aux richesses, & que quand on l'a trouvé, il ne faut jamais le quitter.
Quid tibi juncundun submotis esset amicis ?
Cunctatibi quanquam sint cumulata bona…
Non temeré admittas, nisi fidum noris, amicum;
Sed semel admissus, semper habendus erit.
Tantôt environné de ces anciens Sages, dont est composée la belle Bibliothèque, qui m'est venue de Saint-Quentin dans ma retraite, par ce même canal, & rêvant avec eux dans mon petit Domaine, je me dis souvent avec le judicieux Horace : heureux l'homme qui, sans ambition, ne tient ni aux affaires, ni à l'armée, ni au commerce, évite les procès & les Grands, & cultive, comme faisoient les Anciens, le champ que lui ont laissé ses pères.
Beatusille, qui procul négotiis,
Ut prisca gens mortatium, Paterna rura bobus exercet suis;
Sulutusomni foenore :
Nec excitatur classico miles truci,
Nec horret iratum mare:
Forumquevitat, & superba civium
Potentiorumlimina… .»
(Histoire abrégée pages 362-363)
Bien que vivant à Andrésy, Louis Hordret gardait un amour de sa ville dont il aimait montrer à ses amis un tableau. Nous le découvrons page 411, à l'article Maurice Quentin de la Tour que ce dernier, à l'âge de 14 ans, avait dédié au principal de son collège, l'abbé Nicolas Desjardins, son «professeur en Rhétorique, un tableau au crayon, ou perspective de cette ville que nous conservons, qui est sans doute son premier ouvrage….»
Restent un certain nombre de questions: Qu'est devenue la veuve de Louis Hordret? Où est passé ce précieux dessin ? Qu'est devenue cette belle bibliothèque?
Les héritiers ont partagé les 50 000 livres d'argent.
La Révolution a certainement fait disparaître toutes les chartres et documents accumulés par notre érudit.
Les Desjardins ont continué à vivre à Saint-Quentin : on y trouve leur nom sur plus d'un siècle. Sont-ils eux aussi de la famille de Louis Hordret? Peut-être ont-ils oublié, comme chez les descendants de Médard Hordret, leur oncle célèbre? La ville de Saint-Quentin ne peut être soupçonnée d'un tel oubli : le nom d'une rue a été donné à son bienfaiteur.
D'après un article de M. L'abbé de JERPHANION
Algrange, 3 octobre 2011
Sources:
Histoire des droits anciens….de la ville de Saint-Quentin. Louis Hordret, Paris 1781
Histoire des rues de Saint-Quentin. Ch. POËTTE Saint-Quentin, 1891.
Mémoires d'un avocat au parlement de Paris (E.-A. HUA) Poitiers H. Oudin, 1871
Puzzle. Xavier Le Cour Grandmaison. (S. lieu ni D.)
Signature de Louis Hordret dans un acte de baptême à Artemps en mai 1707
sources Archives départementales de l'Aisne
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